Le journal de Lady Ariciaa




Tiré du roman "Le lien" de Vanessa Duriès

Extrait :
                                                            LA RÈGLE DU JEU

 

   Le jeu des relations entre le maître et son esclave est subtil et délicat. Les esclaves doivent savoir indiquer aux maîtres les limites à ne pas franchir. L'autorité absolue est un savant jeu d'équilibre, le moindre faux pas rompt l'harmonie et au-delà brise la considération que l'un porte à l'autre. Tout être humain a ses limites, l'esclave a les siennes. Nul maître ne peut aller au-delà des limites acceptées, moralement ou physiquement, par son esclave. Toute dérogation à cette règle peut être mortelle.

   En cela, le rôle du maître est extrêmement difficile à tenir, car il doit s'adapter à la personnalité et aux capacités d'obéissance et de résistance de chaque esclave. L'un comme l'autre ne doivent jamais décevoir. L'esclave doit accorder au maître les privilèges de sa fonction : lui procurer le bonheur grisant de dominer un être réceptif, soumis, qui sache cependant faire preuve de temps à autre de quelque indépendance, qui puisse désobéir avec discernement, car la punition qui s'ensuivra sera source de plaisir pour l'un et pour l'autre. Savoir désobéir est un art qui implique une parfaite connaissance des désirs du maître, sans parler d'amour puisque c'est le mot que nul ne prononce au cours des joutes.


   Le jeu s'installe autour de cet exceptionnel rapport de forces. Se soumettre, désobéir, endurer, alternances délicates auxquelles je ne veux pas me dérober. La tension ne doit cesser de monter. Le rôle de l'esclave est de toujours se donner à fond, quelle que soit la personnel préposée au dressage et quelles que soient ses pratiques. La résistance aux humiliations, aux contraintes, à la douleur décuple l'intensité et l'aspect cérébral du combat. C'est alors que mon corps peut s'épanouir, se donner à part entière. C'est l'extase, la jouissance exacerbée par les rites souvent inattendus, l'abnégation de soi que l'on garde constamment présente, la soumission à l'autre, la souffrance aussi. C'est justement cette part d'inconnu qui me fascine, qui fascine l'esclave, car dans les rapports sadomasochistes l'ingéniosité du maître doit sans cesse se renouveler et être mise à rude épreuve. Il est très excitant de toujours ignorer ce qui peut advenir au cours d'une séance, de ne jamais prévoir les surprises que le maître vous réserve.  Il peut arriver qu'une esclave prêtée par celui à qui elle appartient s'avère plus performante avec un autre maître qu'avec le sien : de même qu'un contact de peau vous électrise alors qu'un autre vous laisse indifférente, il est des maîtres privilégiés qui communient avec leur esclave, alors que d'autres restent obstinément étrangers, inexistants, artificiels.

Tiré du blog d'André de Sainte Croix :
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(avec son aimable autorisation)

Sam 29 aoû 2009 4 commentaires

Bonsoir Lady Ariciaa,
J'ai lu le roman de Vanessa Duriès pendant mes vacances d'été. Il m'a bouleversé.
Ce roman me renvoie à de nombreux souvenirs personnels car je me souviens très bien de sa parution. Vanessa Duriès commençait à succiter un intérêt certains tant du côté des médias, que des milieux littéraires.
Elle était belle et talentueuse. Son décès brutal dans un accident de la route laisse aussi un roman inachevé: "L'étudiante". Je le considère comme la suite du Lien. Il éclaire également l'auteur sous un autre jour, plus désenchanté, mais tout aussi intéressant.
Je vous en recommande la lecture si vous ne l'avez déjà fait.
Au plaisir. 

Dave - le 17/09/2009 à 20h53
Si je l'ai fait car il était au début du livre "le lien" que j'ai acheté.

Dire qu'il m'a bouleversé est un grand mot mais effectivement il m'a touché.
Lady Ariciaa
   Oui "bouleversé", le mot est peut-être un peu fort. Je devrais être un peu plus mesuré dans mes commentaires! J'ai été emporté par mon enthousiasme. Mais que voulez-vous , c'était un premier jet (si je peux m'exprimer ainsi s'agissant d'un ouvrage érotique...).
   La critique d'un livre n'est pas chose facile. Il y a le regard objectif: le texte est bon ou  non. Pour "Le Lien", je pense quand même que le livre est bon puisqu'il m'a ému et vous a touché.
Le 2ème aspect est l'aspect subjectif. Pour telle ou telle raison le livre me parle. Il fait écho à mes questions du moment comme une sorte de dialogue intérieur.
Ou alors il me rappelle une situation que j'ai déjà vécu ou secrètement voulu vivre.
Tenez, pour ce livre, l'auteur a à peu près le même date de naissance que la mienne. Elle était étudiante à une époque où je l'étais aussi. Nous aurions pu, avec un peu d'imagination nous retrouver côte à côte dans le même amphi.
 
dave - le 22/09/2009 à 22h46
Après chacun sa vision mais il est vrai qu'il m'a touché.

Qui sait, les hasard de la vie ...
Lady Ariciaa
ce passage issu du livre est en effet proche de ma propre appreciation de la relation soum/dom!
je n'ai pas lu ce livre et ne connaissais pas son auteur mais je vais sans doute l'acheter par curiosité. je n'ai jamais acheté de litterature à contenu bdsm (en dehors de "fansadox" qui n'est ... hum () pas vraiment du meme acabit mdr).
gaggedinlatex (david et cathy) - le 30/09/2009 à 09h36
Je l'ai acheté debut septembre et j'en ai fait un article mais n'ayant plus internet chez moi et n'ayant pas la possibilité de le faire jusqu'à maintenant les articles sont en stand bye.

Je l'ai acheté et je l'ai apprécié même si il est spécial, c'est de la domination masculine dans toute sa speldeur avec viloence, force et hard.

J'avais aussi acheté "histoire d'O" mais je n'ai pas aimé.
Lady Ariciaa
Ton blog est à l'image de ce roman..magnifique, intéressant, hors des sentiers battus. Je te remercie pour nous accepter dans ta communauté.
A bientôt....
flai
flai - le 21/10/2009 à 21h07
C'est quoi ton site ? Car j'en ai refusé un.

Ravie que mon blog te plaise :-)

Bonne nuit
Lady Ariciaa