Le journal de Lady Ariciaa

Il semblait tout d’abord évident que dans l’imagerie générale du hard, les sévices corporels tiennent le haut du pavé. Suivi de prés par tout ce qui touche à l’entrave : bondage, menottes, liens… La troisième grande ligne étant le rapport dominant dominé avec toutes ses variantes et implications.


Dans l’esprit de beaucoup, adeptes ou non de ce genres de pratiques, le SM c’est d’abord l’idée d’un corps soumis à la souffrance et d’un maître qui inflige cette souffrance.

 

 

 

Naturellement cette dernière prendra tous les aspects possibles et imaginables : bougies, aiguilles, pinces, électricité, scarification, brûlures, et bien entendu la flagellation.

 La flagellation qu’est ce que c’est ?

Ce mot du 14 éme siècle, vient de la famille latine de FLAGRUM signifiant fouet à plusieurs lanières garnies de boutons de métal et d’os. Dans la même famille on trouve le mot FLAGELLUM : fouet plus petit et cinglant.

 

Le mot fouet quant à lui est un mot du 13 éme siècle, qui vient du latin FAGUS, le hêtre, et signifie verge de hêtre.

A noter que le mot fléau, instrument pour battre le blé, a la même racine ; ainsi que le mot fêlure qui signifie littéralement trace de fouet.

 

Il est intéressant de noter que déjà dans le latin ecclésiastique, le mot fléau signifie aussi, châtiment envoyé par DIEU.

 

On le voit donc, la flagellation inclus l’idée d’instrument, de mouvement, et d’action. On pourra donc fouetter son partenaire avec toutes sortes d’ustensiles : fouet, verge, bâton, badine, canne, bambou, ceinture, ceinturon, lanière, courroie, martinet, chat à neuf queues, cravache, baguette, nerf de bœuf, chambrière, orties, chardons, épines, herbes, raquettes, paddles, battes, …la liste n’est pas exhaustive et laisse libre cours à votre imagination.

 

Les gifles et les fessées même si elles peuvent faire partie intégrante d’une bonne flagellation font souvent l’objet d’une séance à part entière et nécessitent une technique qui leur est propre. Nous ne ferons que la survoler ici.

 

Si l’on essaie de dresser un arbre généalogique de la flagellation, on se rend vite compte que cette pratique a dans l’histoire trois grandes utilisations:

On trouvera bien sûr une interconnexion entre la religion et la punition.

 

Mais je vous rassure, l’homme a toujours su se servir de son imagination et de son environnement pour son plaisir. C’est pourquoi, une quatrième utilisation de la flagellation, sexuelle cette fois, apparaît en filigrane tout au long de l’histoire, et ce dés le Kama Sutra. Elle n’est cependant un phénomène sexuel, clairement assouvi et assumé que depuis le 17 éme siècle.

 

Religieusement, la flagellation est utilisée souvent pour atteindre des états de transe. Les chaman par exemple considèrent que c’est un excellent moyen de se perdre soi-même afin d’entrer en contact avec Dieu. Lors de cérémonies ou de rites, on utilise la flagellation afin d’attirer l’attention des divinités ou de rendre les femmes fertiles. Le culte de diane chasseresse par exemple donnait lieu à de véritables concours de fouet.

 

Les missionnaires quant à eux ont allègrement utilisé le fouet en Afrique, au Mexique ou au Paraguay, afin de forcer les populations à se convertir.

Médicalement on a fouetté les fous entre le 17 et le 19 éme siècle. A Rome, le culte de Junon demandait à se que l’on fouettât les femmes pour lutter contre leur stérilité. Et d’une façon plus général on a longtemps cru que la flagellation aidait à lutter contre l’impuissance.

 

On a souvent utilisé le fouet en guise d’électrochoc pour « réveiller » un malade ou une personne dérangée.

 

Dans l’armée, dans la police, dans la marine… on a également largement utilisé la flagellation. Les mutineries étaient punies par le fouet ainsi que les manquement à la règle. On recourait également au fouet pour faire des exemples. Pour calmer des ardeurs belliqueuses ou des récalcitrants. Des déserteurs furent fouettés ainsi que des soldats en cas d’échec de leur mission.

La police s’en servait régulièrement pour punir des fautes ou faire parler des suspects. Il n’était, par exemple, pas rare d’attacher une prostitué nue sur un âne. On lui faisait faire tout un périple jusqu’à la prison, périple au cours duquel la population était libre de la frapper. Enfin, une des applications les plus répandue était sans conteste la torture. A ce propos, il faut noter que très tôt on a su que certains bourreaux pouvaient retirer du plaisir à molester leurs victimes et des ordonnances spéciales, du moyen - âge au 18 éme, ont réglementé les séances de tortures. Certains bourreaux furent même à leur tour punis pour avoir commis des excès.

 

Quant à l’interconnexion entre le religieux et le punitif, les exemples ne manquent pas. Tantôt les moines ou tout abstinent se flagelle pour chasser les ardeurs ,chaleurs et autres montées de sève. Tantôt il se mortifie pour chasser de vilaines pensées. Il se flagelle pour expier une faute commise ou pour se punir de ses péchés. Parfois c’est l’inverse et ce sont les paroissiens qui se font frapper. Des exemples de nonnes dévêtues puis battues sont répertoriés. Plus généralement, on recherche la mortification de la chair, dans une recherche mystique, afin de ressentir les douleurs du christ, et de se rapprocher de dieu.

 

Quelque soient les causes, les pratiques et les alibis dans ces quatre catégories, elle démontre une chose évidente : L’union du corps et de l’esprit. Si on cherche à punir l’un c’est pour faire entendre raison à l’autre. Si l’on meurtri le corps c’est pour pousser l’esprit plus loin. Si l’on violente le corps, c’est pour que l’esprit réagisse. Le principe est fort simple : agir de façon à souder le corps et l’esprit, en les amenant à se dépasser, à se stimuler l’un l’autre. Les informations de douleur physique transmises au cerveau agissent comme des détonateurs qui forcent la pensée à avancer, celle ci à son tour transmet au corps l’ordre d’endurer et de résister…

 

C’est cette alchimie qui nous intéresse quand on parle de SM et de flagellation. Que votre relation soit physique ou très psychologique, le rapport corps/esprit est à la base de tout. Si par exemple vous décidez d’attacher votre partenaire et de laisser seul, pendant X temps, totalement isolé, son confort physique interviendra à coup sûr dans sa capacité de résistance et par delà dans le plaisir qu’il prendra à ce jeu. Et bien avec le fouet c’est la même chose. Les premières impressions sont toujours la morsure, la douleur, et puis l’on décide d’endurer, d’avancer, de se motiver pour aller plus loin. On habitue son corps et donc sa pensée, on trouve son confort , on cherche à se surprendre, à surprendre le fouetteur. Plus vous recevrez de coups plus votre esprit s’affolera, analysera, travaillera et plus vous irez Loin physiquement. Le secret résidant bien évidemment dans la manière dont vous êtes fouettés. Le dépassement de soi, l’extraordinaire magie qui transforme douleur en plaisir, la volonté de continuer à subir ou a frapper, plus longtemps, plus fort, Tout cela vous l’obtiendrez avec de bonnes séances, bien maîtrisées.

 

Ce phénomène est chimique. La capacité de supporter la douleur est directement liée à la quantité de substances organiques chimiques sécrétées dans le corps. Dés le début de la séance, en caressant, en pinçant délicatement la zone à fouetter on prépare le fouetté, à la fois physiquement et spirituellement. Cette période d’échauffement va aller en s’intensifiant afin de donner au cerveau du fouetté la possibilités de mobiliser le corps et de sécréter des neurotransmetteurs analgésiques ou euphorisants. C’est ce qui fait par exemple que l’on supporte mieux la douleur quand on approche de l’orgasme.

 

C’est cette notion de lien corps /esprit qui anime souvent les clients des prostitués, spécialisées dans le SM. Les soumis sont souvent des hommes d’affaire ou des gens à fortes responsabilités qui viennent se faire fouetter pour vider le stress de leur esprit, pour se calmer, se détendre.

 

Avant de passer à des notions plus pratiques, plus manuelles, je voudrai donner quelques conseils (liste non-exhaustive):

 

Eviter de vous lancer à corps perdu dans des séances de flagellation si vous êtes dans un égat second. Alcool ou drogue en trop grande quantité. Si chez certain cela a un effet anesthesian, chez d'autre cela peut être le contraire. La qualité des gestes est bien différentes selon notre fatique ou notre taux de substances variées dans le sang...

Convenez toujours d'un mot ou d'un geste pour arrêter le jeu, si nécessaire (voir safeword)

On ne tape pas sur son partenaire comme un abruti, c'est censé être un plaisir

 

A ce propos j’aimerai revenir sur l’idée de la flagellation dans le cadre d’une punition. Dans un rapport dominant/dominé. La séance ne doit pas être utilisé n’importe comment. Car elle doit répondre à la fois à sa fonction de prise de pouvoir sur l’autre et aussi à sa fonction de punition.

On fouettera pour mettre à sa botte et montrer qui est le maître. Mais on fouettera aussi pour punir l’esclave désobéissant. C’est pourquoi les coups ne seront pas les mêmes et les conditions de la séance changeront. On pourra être plus dur, verbalement par exemple, ou humilier davantage le dominé, en public pourquoi pas, dans le cadre d’une punition.

On n’utilise pas n’importe quel accessoire sans savoir si son partenaire va encaisser. Le chat à neuf queues par exemple, avec ses billes de métal au bout n’est pas un yoyo pour première communiante.


-Oui la peau ça marque.

-Oui le sang ça tache.

Tiré du blog "bdsmpassions"

Sam 9 mai 2009 3 commentaires
Très bon article, très complet. Selon moi, la flagellation doit bien sûr punir uen attitude répréhensible du soumis, un oubli, une faute, évidemment.Elle doit aussi être administrée sans la moindre faute, pour montrer qui commande. Le soumis doit comprendre dans ce cas qu'il doit être reconnaissant à sa Maîtresse de lui fournir une occasion de lui être agréable (si la Maîtresse l'a foutté par caprice), et de mieux le conforter dans sa soumission.
jerome87 - le 10/05/2009 à 21h49
tout d'abord, bonjour Lady Ariciaa,
je trouve vos articles très intéressants. Je suis moi-même un soumis qui vit une belle aventure avec une autre "lady". Je pratique le SM depuis plus de 10 ans, Un certain nombre de maitresse, puis ma Lady. Nous ne vivons pas encore ensemble et j'espère qu'un jour cela arrivera. Vos articles sont précis et l'on sent que vous êtes passionnée par ces pratiques. Du coup cet après-midi je vais demander à ma Lady de me flageller. Elle me l'a déjà fait mais jamais au delà de mes limites. Cette fois, je devrais aller au delà de mes limites, mais souvent c'est elle qui réduit ma peine...
au plaisir d'autres articles de votre part
Maxence
maxence - le 23/05/2009 à 10h03
De mon coté, comme tu as pu le lire c'est plus récent. Cela va faire un peu plus de deux ans.

Il n'a eu qu'une Maitresse avant moi mais moi j'ai eu plusieurs soumis avant lui.

Tu lui demandes ? Dans ma pratique de la d/s mon homme n'a pas à me demander des choses et d'ailleurs il ne le fait.
Lady Ariciaa

Bonjour,

Qu'entends-je ? Ah le fouet, le martinet, la badine, la main fesseuse...Instruments d'un tas de punitions... Je commets une faute : je suis donc puni...Ma Domina le désire : idem ! Et si je ne le désire pas : tant pis !

Je vais pas faire l'égoiste mais et le plaisir à partager ? La complicité piquante ? Y a t il un plaisir au delà d'une douleur physique ? Et à l'inverse peut-il y avoir plaisirs partagés sans punition (physique ou non) ? Les encouragements, les réconforts ? Il devrait y avoir au moins autant de plaisir avant (encouragements , échanges) et après (compliments) que pendant...(car pendant c'est un peu l'angoisse pour le ou la soumis(se)...

 

Et une question à la noix : Toutes ces mises en scène, scénarios et jeux de rôle doivent ils conduire à l'acte d'amour traditionnel ou peut-on obtenir du plaisir jusqu'à l'orgasme et fouettant ou en étant fouetté (e) ? Est-ce un but ?

 

Moi par exemple (un mauvais oui je sais !rires !) je pense être plutôt soumis et pourtant (pour l'avoir pratiqué) je pense qu'il y a vraiment beaucoup de plaisir à carresser, exciter, souffler le chaud et le froids (des chaudoudous aux froids piquants...) et faire ainsi "monter la tension" d'un(e) partenaire entravé(e), donc impuissant(e) et offert(e)...Ne jamais le carresser où il l'attend (faire exprès d'éviter les "volcans à plaisir"(moi c'est la pointe du coude gauche !) ruser" sans cesse pour le (la) laisser immaginer la suite et...Qu'il(elle) se trompe ! Avoir quelqu'un à sa merci en somme...Soumission ? Et pourtant ici point de cravache ni martinet...Juste quelques liens, de la complicité et de l'imagination !

Que vaut-il mieux sachant qu'il y a 1 domina pour 1000 soumis qui rêvent et dont 999 resteront des surfeurs de conneries sur le net (parceque c'est cela la réalité !) : une simili domina sans majuscule qui fouette uniquement pour les billets et qui sais pas "mouiller" pour un soumis...

Ou une petite femme ordinaire mais aimante et accro à qui on a bien plus de chance de faire comprendre des choses plus simples qui font moins peur et surtout moins mal...(je pense que si j'étais dominant je ne pourrai pas infliger plus que ce que je pourrai supporter moi-même).

Je n'ai voulu donner aucune leçon à personne, je n'en ai pas les moyens...Je souhaite juste parler avec une certaine logique et surtout mon coeur pour faire comprendre certaines de mes pensées et question sur le BDSM...

Merci de m'avoir lu (un peu compris aussi je l'espère ...). E.

 

 

Eric - le 26/12/2010 à 01h52

:-)

J'ai apprécié ton commentaire ou plutôt ta vision.

J'aime aussi énormément jouer avec mon soumis qui est aussi mon homme à jouer à souffler le chaud et le froid comme tu dis. C'est un de mes petits délices et il le sait. J'aime le voir ainsi entraver, à ma merci.

Bien entendu il peut y avoir ce jeu sans fouet, martinet ni autres accessoires. J'aime aussi beaucoup le plaisir cérébral, c'est en autre pourquoi j'aime tant le voir entraver car c'est un plaisir cérébral. L'imagination rien de tel pour pimenter un moment d/s!

J'aime bien entendu aussi le punir :), la d/s en couple c'est un mélange d'amour, de sexe, de cérébralité, de physique, de câlins...

Personnelement je n'ai pas besoin de l'acte physique pour parfois avoir un orgasme. C'est un orgasme cérébral car cet échange, les émotions et ressentis sont si fort et puissant que l'acte n'est non utile pour m'amener au 7ème ciel. Cependant maintenant que mon soumis et aussi mon petit alors que j'ai ce plaisir si intense cérébralement, le fait de faire l'amour avec crée une explosion de plaisir tellement que c'est puissant en sensation et plaisir car nos deux envies et plaisirs se mélangent, se rencontrent et c'est détonnant.

Il est sur qu'il y a peu de Dominas mais il n'y a pas de tant de "vrais" soumis et surtout de soumis voulant s'engager quand on gratte un peu.

Au plaisir de te lire à nouveau

Lady Ariciaa